sainte colombe

Publié le par Michèle

Sainte Colombe sur l'Hers

"Une communauté religieuse dévouée à Sainte-Colombe vivait sur les flancs du Plantaurel. La rigueur des lieux les amena à s'installer sur les rives de l'Hers. Terre et eau ont facilité le développement de l'agriculture et la croissance d'un village bientôt dénommé « Sainte-Colombe la Riche », avant d'être rebaptisée du nom de la rivière qui le borde.
Par le passé, la rivière fournit en eau les ateliers artisanaux et industriels. Le village a prospéré au cours des XVIII et XIXèmes siècles grâce à la production de peignes en bois et en corne, diversifiant progressivement son activité en direction du textile. Jusqu'à 300 ouvriers travaillent alors à l'usine « Maubec » et une quarantaine dans l'entreprise de peignes « Gramont». Depuis 1982, l'Hers alimente en eau le lac de Montbel (585 ha), depuis la station de pompage du village.
Aujourd'hui, l'ancienne usine Gramont a laissé la place au centre d'art contemporain Cat'Art que l'on rejoint par la place, la fontaine Wallace et la Petite Rue. A proximité de la maison du garde-barrière, le hameau de « La Forge » accueille en résidence des artistes.

La Voie Verte reliant Lavelanet à Mirepoix passe par le village, évocation de son époque industrielle et d'un trafic de passagers travailleurs."

 

Ainsi présenté le village de mon enfance revet une connotation bien singulière, c'est le site de la communauté des communes de Chalabre qui en est à l'origine. Mes souvenirs sont d'une autre nature...

Ma grand-mère maternelle a travaillé chez "Gramont" dans l'entreprise de peignes en bois.
C'est auprès d'elle que j'ai appris à faire de petits paquets bien emballés, le papier type "craft", beige ou bleu, était résistant, il fallait compter et bien calibrer (par 10, les peignes  de 10cm de long) puis attacher solidement, mettre l'étiquette et coller le tout! Je sens encore l'odeur de la colle..L'usine de peignes se trouvait au bout du pont, proche de la rivière, l'Hers, celle-la même dans laquelle nous pêchions des écrevisses avec ma soeur.IMG_2877.JPG

La collègue de travail de Mané s'appelait Julia, pas plus haute que 3 pommes, je la revois assise derrière ses petites lunettes rondes..


Quand venait l'heure de partir elle s'en allait trottinant, en dandinant son posterieur de gauche à droite, Mané se tenait plus droite, elle me paressait plus grande, chacune arborait un petit chignon blanc, de vraies grands-mères! et pourtant elles n'avaient pas encore 60ans...


julia avait également une petite fille qui venait parfois en vacances de Sète je crois, alors tout comme moi, il lui arrivait d'accompagner sa mère-grand au travail pour quelques heures...


Nous construisions des tours rondes en alignant les peignes pour qu'ils sèchent. Il fallait bien suivre le marquage au sol pour démarrer, en faisant chevaucher les extrémités, on laissait un espace de quelques centimètres, et ainsi sur plusieurs mêtres de hauteur. Un espace ventillé genre hangard avec ses échaffaudages était prévu pour accueillir ces monuments fragiles... Parfois la structure menaçait d'éffondrement, quand on n'avait pas bien respecté les principes élémentaires d'élévation de ces ouvrages! Les peignes restaient ainsi plusieurs mois, puis il fallait déconstruire avec autant de patience et de délicatesse ...


C'est ainsi qu'elles vivent dans mon souvenir, j'avais 8/9ans, croyez-vous que nos petits enfants nous perçoivent comme d'aussi vieilles personnes?

Mon autre grand-mère elle, travaillait chez "Maubec", comprenez tissage, drap de laine fabriquée au kilomètre, un peu notre "Lille, Roubaix, Tourcoing" à nous!

L'usine Maubec se trouvait de l'autre côté du village. IMG_2910.JPG


Mon grand-père paternel à ses heures dirigeait le métier à tisser, en ce temps là, on était tisserand, teinturier, en même temps que paysan, laboureur ou bûcheron.

Les temps n'étaient pas faciles, et selon les saisons, on redoublait d'ardeur à la tache; les enfants très tôt donnaient un coup de main, pour nourrir le bétail, récolter les légumes au jardin....

On espérait alors pour eux qu'une présence assidue à la communale et le goût de l'effort leur assurerait un avenir meilleur que celui des parents: partir au collège était une victoire que seuls les meilleurs élèves se voyaient proposer ! C'était alors signe d'une 1ere séparation, un départ "en pension", la découverte d'un autre monde!

Je me revois encore dans l'atelier, le groupe de femmes (7 à 8) faisait défiler sur une table, le drap encore imprégné de l'odeur de l'huile du métier à tisser, pour s'arrurer qu'il n'y avait pas de défaut!

Armées de grosses aiguilles (il y en avait de taille différentes) et de fil assortis sur de longues bobines en bois, elles reprenaient le travail, corrigeaient ce qu'il était possible de rectifier...

J'étais fière quand il m'étais permis d'aller chercher Mémée à l'atelier!

Le samedi était jour de lessive, au lavoir, juste au-dessus du cimetière,il fallait s'équiper du battoir et de la grande bassine en zinc, les draps avaient bouillis dans la lessiveuse sur la cuisinière à bois dès le matin, puis on allait les rincer, et les battre avant de les mettre à sécher au grand vent, le soleil faisait souvent le reste! Ah! le parfum de la lessive et la senteur du linge, le parfum du savon de Marseille!

Le repassage était une opération extrèmement délicate, les fers chauffaient sur la cuisinière, on en avait deux en général, parfois un 3eme plus petit pour les pièces plus délicates, les manches de chemises... Quelle dextérité ! pour ne pas se brûler, si le fer était trop chaud le risque était fort de roussir le drap!! Blanc impécable de rigueur s'il vous plait! pour les draps à glisser dans l'armoire parfumée de lavande que l'on cueillait en juin!

Ce sont ces parfums de mon enfance qui me reviennent quand je me penche sur les photos de mon village, avec beaucoup d'émotions vous le comprendrez bien, je pense aux anciens, à leur vie d'alors et combien elle était dure; à ceux qui ont éclairé mon enfance, qui m'ont guidée et m'ont permis d'être celle que je suis devenue aujourd'hui... Il semble que je parle d'un temps très ancien, d'une époque très éloignée,

Et pourtant je ne me sens pas si vieille ! IMG_2901.JPG

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