au revoir Laurent
"J'aime la vie, j'adore rigoler, voyager, lire, bien bouffer, comme un bon Français. Je n'ai pas peur de la mort, je n'en ai juste pas envie !"
Cet été encore ta voix nous a accompagnés sur le tour,
le tour de France!
Celui qui fait vibrer chaque année sous la chaleur du mois de juillet, les bons français, et tous les autres devant
leur téléviseur,
celui que suivait mon père, et mon grand-père,
celui des premiers jours de nos "grandes vacances" de petites filles sages,
il convenait d'attendre la fin de l'étape pour voir sortir papa, pour rien au monde il n'aurait raté ça!
c'est que le vélo c'est toute une vie, lui aussi savait pédaler...
le tour de France de pépé, le tour de France de mamie,
celui des garçons, des petits devenus grands...
Il fait chaud en juillet dans les pyrénnées, il est sage de rester à l'ombre,
et puis le tour de France, c'est aussi un peu d'histoire et de géographie, celles de nos paysages et de nos charmants petits villages,
celle qui nous fait un peu voyager, avec une certaine nostalgie,
et les jolies rivières et les cols! ahhh! les cols!
et puis vient la fin de l'étape, la victoire, le bouquet de fleurs sur le podium, le bisous des jolies demoiselles...
et pour nous le moment de déguster une glace!
Toute une tradition, tout un rituel, toute une institution le tour de France!
celui des vainqueurs et des grimpeurs !
Pas celui des tricheurs,
c'est qu'il faut être courageux pour faire le tour de France, ça se mérite!
Alors cet été Laurent, avec sa voix écorchée, sa voix fragilisée, m'a émue jusqu'aux larmes,
cette voix qui revenait à mes oreilles, pareille à une autre, fragile, qui s'éteint et puis se cherche au fond de la gorge, et puis revient, cette voix qui fait mal, m'a raconté une autre voix, celle de papa...
Papa s'en est allé, son cancer l'a emporté, la voix s'est tue, comme celle de Laurent, elle ne nous racontera plus, le vélo, la montagne, ces héros...
Le poète a dit:
"et comme les astres penchants
nous quittent, mais au ciel demeurent,
les prunelles ont leurs couchants,
mais il n'est pas vrai qu'elles meurent:
bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
ouverts à quelque immense aurore,
de l'autre côté des tombeaux
les yeux qu'on ferme voient encore." Georges, Laurent, au revoir ! à l'année prochaine sur le tour !